Estuaire de la Gironde

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Jour 2 : Mortagne - Le Verdon : 43 km et une traversée en bac

Dans le bleu de l'Estuaire

La nuit fut belle et champêtre à la ferme de la Gravelle, chez la moutonnière Régine Boisseau (voir ci-dessous). Achat de victuailles locales (pour le pique-nique) sur le port de Mortagne-sur-Gironde, aux cabanes marchandes, face au port de plaisance, qui attire aux beaux jours touristes, cyclistes et randonneurs, et direction le fleuve Après avoir passé la très fleurie Maison d’hôtes dites « du Meunier », installée dans une ancienne minoterie, on arrive au port à sec, peuplé de bateaux colorés sur cale puis le petit chemin aménagé s’enfonce dans les prairies humides et roselières. Les falaises blanches lointaines rappellent qu’en d’autre temps l’eau couvrait ces terres. Des tamaris ponctuent ce paysage étale.



 
  • Le port de Mortagne-sur-Gironde

 

 

Forçant contre le vent musclé, nous poussons jusqu’à la digue, et le banc offert à l’observation. Au retour, le musée de la carte postale, petite cabane non gardée et gratuite, mérite le détour, ne serait-ce que pour apprendre l’histoire du village et du port, qui fut un temps important, et compta jusqu’à sept minoteries.

Un crochet par Port Maubert s’impose pour goûter l’atmosphère d’un port de pêche du bout du monde, fréquenté par les promeneurs et les adeptes de l’école de voile. Sur le quai, la petite poissonnerie-conserverie Délice de Maubert, a été ouverte il y a deux ans par Sabrina Pajaud, femme du pêcheur Lionel Gadrat - fraicheur des poissons garantie ! On en repart les bras chargés de produits d’ici : gatte (petite alose) aux aromates, rillettes de mulet ou de maigre, soupe de poisson de l’Estuaire, lamproie à la bordelaise.

  • Sabrina Pajaud - Délice de Maubert


Désormais les marais sont derrière nous, les bords d’estuaire se font plus vallonnés, les eaux sont presque toujours à portée de regard. On trace. Les ports s’enfilent comme des perles : à Chenac Saint-Seurin d’Uzet l’auberge musée du caviar et de l’esturgeon rappelle les heures glorieuses de cette production au début du XXe siècle, qui a malheureusement conduit à la quasi-disparition de cette espèce emblématique. Aux Monards s’ébrouent des chevaux non loin de la rivière de Chauvignac, où démarrent des balades en kayak.

 

 

 

SE RESTAURER :    Chez Feufeu, pizzeria, Mortagne-sur-Gironde ou Le Cheun à quais, port des Monards

Un air d'océan

Mais c’est Talmont qui nous aimante par-dessus tout, avec ses carrelets organisés circulairement au pied de la falaise, l’église Saint-Radegonde, vigie accrochée au rocher. Voilà un pêcheur qui rentre au port et décharge ses caisses de crevette blanche, d’aloses et de maigres, ce poisson qui se repère à l’oreille avant de se pêcher au filet. Dans les petites rues du village, les roses trémières, les volets bleus sur peinture blanche nous rappellent que, désormais nous sommes sur l’Estuaire charentais, où l’eau a déjà un goût plus océanique.

  • Talmont-sur-Gironde

 

 

 

 

 

L’ambiance balnéaire commence à se faire sentir dès le port de Meschers, d’où l’on peut embarquer vers le phare de Cordouan. A Saint-Georges-de Didonne, on découvre le fleuve depuis le parc ludique et scientifique de l’Estuaire. Ici les plages et la promenade n’ont rien à envier à celles de l’Atlantique. Le soleil rasant donne une teinte plus bleue encore au fleuve. L’estuaire s’élargit. Royan se profile, et, longeant les grandes plages de la Conche, c’est tout un travelling architectural qui se découvre : villas du 19e, maisons géométriques des années 50, folies Belle Epoque. Le dernier bac du soir pour Le Verdon nous embarque enfin au milieu d’une eau si longtemps longée. Beauté d’une traversée au coucher de soleil avec vue sur le phare de Cordouan, qui joue les points d’exclamations, ponctuant une journée pleine et changeante. Face à nous, la pointe du Médoc nous promet encore un nouveau décor.

  • Saint-Georges-de-Didonne

 

 

 

 

 

La Gravelle, l’accueil communautaire

Pour peu que des touristes se pointent à la pizzeria du haut du village de Mortagne, le patron, «Feufeu», vous sourit et assène «Vous dormez à la Gravelle?». On acquiesce. A la Gravelle on y dort, en gîte ou au camping on y mange autour de tables d’hôtes joyeuses, on y travaille aussi et surtout la terre. A l’écart du port, entre falaises et marais, ce domaine est le royaume de Régine Boisseau, la soixantaine au regard clair, qui y a longtemps élevé des agneaux de l’estuaire sous le label bio avant de passer la main l’an dernier.
A l’arrivée, le camping ouvert dans une large clairière est la première chose qu’on aperçoit, halte bienvenue pour les cyclistes du Canal des Deux mers ou les familles en manque de vie au grand air. Cette ferme héritée de son père ne ressemble à aucune autre exploitation. Ici, une communauté paysanne s’est reconstruite petit à petit, à l’invitation de Régine. Quatre familles y vivent, maraîchers, boulangers, éleveurs. Tous bio. Il faut s’aventurer un peu plus vers les falaises pour découvrir le secret du lieu : une longue cheminée de briques au milieu des tracteurs témoigne de la première vocation de la Gravelle : une cimenterie qui ferma en 1936 à la suite des grandes grèves ouvrières.
Régine Boisseau vit aujourd’hui dans l’ancienne maison du directeur. Depuis qu’elle a laissé son troupeau, elle se consacre entièrement à l’accueil à la ferme et développe des balades avec ânes pour quelques heures ou quelques jours, l’organisation d’événements comme cette fête du vin bio de l’estuaire, qui marque l’entrée de l’été sur le port de Mortagne.

  • Ferme de la Gravelle, gîte, camping, table d’hôtes, balade en ânes : www.lagravelle.com