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Jour 3 : De Le Verdon-Sur-Mer à Jau-Dignac-et-Loirac : 15 km à pied - 25 km en voiture

La pointe sauvage

Quel luxe de pouvoir dormir entre dune et forêt, à quelques encablures de l’océan... La Maison de Grave, propriété du Conservatoire du Littoral aux nombreux bâtiments de briques, a été rénovée il y a peu. Dans ce relais pensé pour les randonneurs ou cavaliers (nous sommes désormais sur les chemins de Saint-Jacques), joliment isolé dans la forêt,  l’ambiance est au calme, dans les dortoirs propres et spacieux ou dans les chambres d’hôte de la maison de l’ingénieur, en haut d’un escalier escarpé. Nous voilà à pied d’œuvre pour entamer la grande boucle pédestre de la Dune de Grave.

  • Dune de Grave
De là-haut, la vue est imprenable sur le Versailles des mers, Cordouan, seul phare gardé en pleine mer. Sur la plage, les parapentes s’élancent. Car du vent, ici, il n’en manque pas. Nous marchons à même le sable, croisons des blockhaus du système de fortification d’Arros et les fameuses «piscines» digues arrondies, luttant depuis le 19e siècle contre l’inexorable érosion. Direction Soulac qu’on atteint à la mi-journée, à temps pour se faufiler sous les halles du marché couvert. Le poissonnier affiche des bars mouchetés «pêchés au large de Cordouan» qu’il conseille de faire griller «entier». 
 

Le chemin retour se fait d’abord par des ruelles calmes bordées de villas balnéaires, avant de s’enfoncer dans la forêt de chênes verts et pins maritimes, guidés par les traces blanc et rouge du GR 8 que croise parfois le petit train touristique, vestige du transport des ouvriers et du matériel au début du siècle dernier. Du fort des Arros, le point de vue est exceptionnel sur la côte et Soulac. Postée là, une habitante de Saint-Vivien du Médoc, 85 printemps portés vif, profite du grand air et de l’horizon dégagé. «J’ai appris à nager dans ces piscines. A l’époque l’eau n’y pénétrait que lors des grandes marées, elle y était chaude et nous étions en sécurité». Elle nous parle aussi de cette poche du Médoc dont la batterie de 38 fortifications fut l’une des dernières à être reprises aux Allemands, à la fin de la seconde guerre mondiale.

  • Dune de Grave - Arros
     

 

 

 

 

 

Le sentier serpente, rarement à plat, entre trouées splendides sur le trait de côte et plongeons dans la forêt touffue d’où émerge parfois un bunker mangé par la végétation. Le retour jusqu’au Verdon se fait à l’ombre d’arbres variés, à la croisée de la piste cyclable ou des rails du train touristique.

  • Dune de Grave - GR

DORMIR / MANGER :  Maison de Grave, dortoir, chambre d’hôtes, restaurant, Le Verdon

Dans les mattes du Médoc

Il est temps de quitter la pointe océanique pour s’aventurer vers son côté estuarien. Les rouleaux et le blanc des dunes laissent place au vert des champs de céréales naissantes et au gris des marais. Un autre monde fait de palus (marais asséchés et drainés) et de mattes (terres basses endiguées gagnées sur l’estuaire), paradis pour les espèces sauvages, insectes, poissons, oiseaux, nous attend. Des fermes aquacoles s’y épanouissent depuis une vingtaine d’années avec leur lot de gambas et d’huitres de retour, et les guinguettes qui vont avec.
Au milieu de cette ambiance un brin camarguaise, les petits ports (voir ci-dessous) bien moins connus que ceux du Bassin, ont aussi leurs cabanes de dégustation de produits de la mer. Dans ces terres si éloignées de la métropole, l’esprit n’est pas fermé au visiteur de passage. Partout les conversations se lient, surtout, le soir tombant, devant une assiette de gambas à la plancha et un verre de blanc bien frais...

  • Route depuis le Verdon

Petit tour en ports méconnus : Talais et Saint-Vivien

Au bout d’une route sans fin, les cabanes blanches et bleues pimpantes annoncent Talais. Un minuscule musée de l’huitre rappelle le passé fastueux de la région, du temps où l’ostréiculture nourrissait 1500 familles des environs. C’était avant le Port Autonome, l’envasement, la pollution au cadmium et l’interdiction préfectorale. Mais le retour des huitres du Médoc frémit depuis quelques années et anime à nouveaux le village ostréicole resté longtemps à l’abandon. Dans les allées de Talais, en ce début de printemps, les guinguettes se préparent à la saison estivale: les Six Magrets, où, originalité pour un village de pêcheurs, il n’y a que du canard sur le grill, et l’assiette des Cabaniers, tenue par Marie-Claire et Bernard, archis et décorateurs qui proposent huitres, anguilles ou un simple verre de vin dans une cabane de poche aux couleurs vives.

L’ambiance est tout autre au port de Saint-Vivien. Finis le blanc et bleu, les cabanes sont de bois foncé, le long du petit chenal du Gua. On y vient pour manger au bord de l’eau, mais aussi pour les balades en kayak proposées notamment par Kayak et Découvertes. Ce chenal, «l’un des rares à zigzaguer» nous précise Sébastien Brière, jeune homme aux rames et aux fourneaux, se parcourt à l’ombre des arbres, dans un monde de silence seulement déchiré par le plouf des rames et les envols d’oiseaux. Là un héron cendré, que notre passage déplace. Ici un ragondin s’enfonçant tranquillement dans les eaux. Une vie tranquille. A la tombée de la nuit, au Kayak Café, les gambas bio directement livrées à Sébastien par Philippe Lucet de La Petite Canau se dégustent à la plancha, de même que les petites crevettes blanches, qu’on est plus habitués à croquer à l’anis. La lune éclaire le chenal d’une lueur mystérieuse. Les rires éclatent autour des tables.

A voir, à faire

  • Randonnée Dune de grave et visite de Soulac,
  • Visites du phare de Cordouan,
  • Marché de Soulac, Halles municipales, ouvert tous les jours en période estivale.