Estuaire de la Gironde

Vous êtes ici : Estuaire Gironde / Coups de cœur / Quatre jours sur l'Estuaire / Jour 4

Jour 4 : De Jau-Dignac-et-Loirac à Macau 65km

De vignobles en cabanes

A Jau-Dignac-et-Loirac, le long du port de Richard, Sophie et Karim Jouini ont investi un large domaine, les Prés de Joussac, pour en faire des chambres d’hôtes chics et calmes. Ce matin-là un groupe revient tout juste d’un tour en montgolfière au-dessus du Médoc et de l’Estuaire, proposé par Karim. Par temps clair l’expérience est inoubliable.

  • Port de Richard

 

 

Nous nous contenterons de suivre le petit chemin qui passe devant la maison et le port de Richard. Les fleurs jaunes ornent le bord du chenal qu’on longe, solitaires, à peine dérangées par un cycliste lancé à toute vitesse. Comme toujours, l’Estuaire se mérite, le rejoindre demande vingt minutes de marche au calme.

  • Port de Richard

Dans les chais de Grange-Vieille

Nous aurions pu pousser jusqu’au Phare de Richard, mais nous avons rendez-vous à Saint-Christoly-du-Médoc pour une visite-dégustation au Domaine du Clos de Grange Vieille, chez Ghislaine Monfoulet. Fille du pays, elle a repris il y a longtemps les vignes familiales et choisi d’en faire un domaine bio d’abord (2002), puis de passer à la biodynamie (2008), avant de pousser l’exigence jusqu’à prendre des chevaux pour remplacer le tracteur, qui tassait trop la terre.

 

 

 

 

 

 

 

Ce qui l’intéresse c’est respecter les cycles, travailler proprement sur un domaine à taille humaine, réduire la production. Ralentir en quelque sorte. Une option assez rare dans une région viticole médocaine portée par une réputation mondiale.
Sur ses trois hectares, elle produit deux vins d’appellation et d’autres, plus alternatifs. Aujourd’hui, le temps de la retraite est venu. Et c’est Brice-Alban Roualec, un novice du vin avec qui elle a l’assurance d’un état d’esprit respecté, qui lui succède. Dans le chai qui accueille les visiteurs toute l’année, la dégustation est joyeuse autour d’un rosé et du rouge «Zéro sulfite».

  • Ghislaine Monfoulet - Clos de Grange Vieille

De quoi se mettre en bouche avant d’aller manger à l’institution gastronomique du coin, la Maison du Douanier (voir ci-dessous). En ce jour férié, le petit port s’agite de promeneurs, de familles en goguette et de ripailleurs qui se dirigent vers la Maison du Douanier. Une jeune femme en paddle tente de sortir du port que la mairie rénove depuis peu. C’est qu’ici l’autre rive est à portée de bateau, notamment celui du « Sainteongais » qui fait la navette et propose des balades sur l’Estuaire depuis le Port de Vitrezay.

  • Port de Saint-Christoly

 

 

 

 

 

 

 

 

Pause gastronomique à la Maison du douanier

La Maison du Douanier a toujours été une institution gastronomique. Depuis peu, le trio de professionnels Vincent Moreau, Romain Kervadec et Jean-Luc Beaufils, le chef, a rajeuni son image, rénové les trois belles chambres avec vue, et donné un coup de fouet et d’audace à une cuisine que les Bordelais avaient déjà pu découvrir à « l’Air de Famille ». Dans l’assiette, du maigre de l’Estuaire bien sûr, des asperges et des langoustines, du cabillaud et des fèves. Du printemps qui éclate en couleurs et textures jusque dans le dessert aux mangues. L’été la terrasse plonge directement sur l’eau. L’hiver la grande salle lumineuse, entourée de baies vitrées donne l’impression d’être un peu dehors. Les clients arrivent des vignobles alentours, de Bordeaux, mais aussi de la rive droite, où le Saintongeais les fait accoster à quelques mètres du restaurant. Après le repas, il fait bon rêvasser (et digérer !) sur le bout de plage de l’Estuaire ou dans les jardins de la maison, avec potager et poules ! Confiant, le trio a ouvert au début de l’été la Cabane du Douanier, une carte plus bistrot, moins gastro, dans le cœur du village de Saint-Christoly.

L’eau et le vin

Passé Saint-Christoly, d’autres petits ports se succèdent. A Saint-Estèphe la rue du littoral avec sa belle lignée de carrelets (voir ci-dessous) longe l’eau de si près qu’on craint qu’un jour elle passe par-dessus. Mais désormais la terre et les vignes disputent la vedette à l’eau. Car ici la spécialité c’est le vin, et pas n’importe lequel ! Saint-Estèphe, Pauillac, Margaux, Saint-Julien de Beychevelle, les châteaux fiers se dressent au milieu des vignes au cordeau. En suivant la D2, route des vins par excellence, on peut continuer à avancer tout près de l’Estuaire et de ses petits ports, Margaux, Soussans, Lamarque. A Macau, «le chemin du bord de l’eau», juste après les guinguettes, ne pouvait porter mieux son nom :  c’est un festival de jardins fleuris, de belles demeures endormies et de vues sur le fleuve, qui n’est plus Gironde mais Garonne désormais. Le pont d’Aquitaine surgit dans le pare-brise, haute silhouette métallique qui annonce la fin du road-trip.

  • Route des châteaux du Médoc

Robert Baudouin, figure des Cabaniers du médoc, est décédé début août à l'âge de 89 ans, quelques semaines après ce reportage. 

A Saint-Estèphe, la cabane de Robert

C’est l’une des premières cabanes de Saint-Estèphe dans cette «Rue du littoral» à quelques mètres de l’Estuaire. On l’appelle «la cabane de Robert». L’été venu la prairie arborée devant la cabane se réserve, gratuitement, avec tables colorées, barbecue et vue sur carrelet. L’an dernier 750 personnes ont pu en profiter. Mais attention, il ne s’agit pas de passer l’après-midi sur le carrelet de Robert Baudouin (bien protégé par des barbelés),  qui, ce jour-là nous y invite quand même de loin, à grands signes de la main. Le pêcheur qui l’accompagne fait monter et descendre le filet, sans succès. Comme c’est jour de fête, on y rencontre aussi Christophe Costa, le président de l’association des Cabaniers du Médoc, dont Robert est le vice-président.

Figure incontournable du coin, il a eu mille vies dans le coin, mécanicien, sidérurgiste, graphiste et tenancier de boite de nuit. «36 métiers, 36 misères» dit-il. A 89 ans, il continue à vouloir faire découvrir et partager coûte que coûte cette tradition des cabanes - appellation que les Médocains préfèrent au carrelet, qui, originellement, désigne uniquement le filet de pêche aux mailles carrées. Depuis quelques années, les Cabaniers du Médoc œuvrent à un rapprochement avec l’autre grande association, celle des pêcheurs au Carrelet de l’Estuaire de la Gironde, qui organise régulièrement des événements, de la Roque de Thau à Meschers. L’idée serait même de construire un arc atlantique des carrelets, (il en existe jusqu’en Bretagne), de Bordeaux à Pornic !  Objectif : défendre un mode de pêche, et surtout, un art de vivre.

A voir, à faire

  • Phare de Richard, Jau-Dignac-et-Loirac, www.phare-richard.com
  • Clos de Grange-Vieille, Saint-Christoly-de-Médoc, 05 56 41 38 26
  • Marché gourmand nocturne, Saint-Christoly-de-Médoc, tous les mercredis sur le port.
  • Au fil de l’air, balades en montgolfières, Jau-Dignac-et-Loirac, www.ofildelair.fr
  • Randonnées «route de l’Estuaire», 31 km de chemins aménagés à pied ou à vélo, http://www.cc-medoc-estuaire.fr